La malle aux trésors
Aujourd'hui j'ai envie de me faire l'écho de QUICHOTTINE qui vient de nous rappeler les délices de "la première gorgée de bière" de Philippe Delerm.
Ce petit recueil léger par la taille mais chargé de tant souvenirs a été le précurseur de beaucoup d'autres de même style et justement, les enfants m'ont offert tout récemment :
L'auteur, sa femmes et leurs amis, ont organisé un inventaire qui s'est transformé en ouvrage, qui a son tour fait résonner toutes sortes de souvenirs...
Voici comment ils les présentent :
Au détour d'une brocante ou dans un coin de grenier, nous sommes tous tombés en arrêt un jour ou l'autre devant l'un de ces objets anodins qui, pour quelque raison étrange, font partie de notre mémoire. Un nain de jardin, une poupée de coquillages, un pliant de camping, des osselets ou la trompe en forme de corne de vache qu'on trimballait partout, en se prenant pour un aventurier...
Un soir, lors d'un dîner, nos huit auteurs, qui sont également huit amis, s'amusent à évoquer les objets de leur jeunesse. Ainsi est né le projet de cette petite brocante intime, chacun racontant l'histoire de ses objets préférés, objets sans importance, ridicules ou émouvants.
"Bien vite on a senti que la tendresse l'emportait sur la moquerie, qu'une part d'enfance était enfermée là, dans ces gestes et ces odeurs. Des choses simples. Des petits bouts de vie. A retrouver.A partager."
Chaque objet est introduit par une courte définition de rappel et une illustration, et je ne peux m'empêcher de scander les mots par des "Ah oui ! Ah oui !..." tellement la flèche des souvenirs se plante bien au coeur de la cible.
Des objets oubliés ressurgissent instantanément tels les baromètres qui passaient du bleu au rose selon qu'il faisait pluie ou soleil et qui me ramènent au baromètre en forme de derrière de vache, laissant juste apparaître son sourire au-dessus de la croupe d'où s'échappait une queue en ficelle qui était censé indiquer si le temps était à l'humidité ou non...
On retrouve ensuite un texte court décliné par l'un des huit larrons, trop heureux de partager sa madeleine de Proust...
Cela passe des bigoudis (un bigoudi, un pic, un bigoudi, un pic), au papier tue-mouche (vu chez des cousins et qui me semblait à la pointe de l'inventivité et de l'esthétique, n'ayant compris que beaucoup plus tard pourquoi Maman n'avait jamais voulu en acheter ces longs rubans jaunes collants) ; du bonbon à la menthe (iincontournable des pique-niques à l'école) au porte-monnaie (que celui qui n'en a pas eu un lève le doigt !) ; Des patins en feutre (il y eut une époque où nous avions chacun notre couleur... comme pour les serviettes de table...) au martinet (invention ignoble qui pourtant m'arrache aujourd'hui un sourire)... Une malle au trésors dans laquelle chaque souvenir fait ricochet pour nous entraîner vers un autre et un autre...
Et quelle surprise d'avoir retrouvé dans ces pages... La vierge en plastique bleu !!!
Nous en avions une, mes soeurs et moi et nous adorions l'exposer à la lumière pour aller vite vite nous enfermer dans les cabinets, seule pièce totalement obscure, pour contempler... le miracle !... et nous pouvions renouveler l'opération plusieurs fois de suite sans nous lasser jusqu'à ce que maman nous dise de filer jouer dans le jardin.
Nous avons quand même eu peur du péché mortel le jour où, imprudentes, nous avons laissé notre Sainte Vierge-princesse-magnifique entre toutes les femmes, posée sous la lampe de chevet et que nous l"avons oubliée là. Au moment d'aller au lit, nous avons retrouvé une vieille sorcière voûtée, semblant danser le twist qui nous a ma foi bien effrayées. Un coup de canif dans notre vie mystique qui nous faisait aussi remplir d'eau de cologne le bénitier d'un petit crucifix pour pouvoir dire la messe en latin...
Comme quoi il faut toujours avoir une malle aux trésors pas trop loin. Rien te tel pour avoir le sourire...